Quand National Geographic se fait le relais d'une propagande anti-chrétienne, anti-américaine et anti-israélienne
par Phyllis Chesler
Article paru sur le site Pajamas Media le 18 mai 2009
Les menaçantes manifestations de rue contre Israël, les résolutions anti-israéliennes rageuses de l’ONU, les appels obsessionnels au boycott d’Israël dans les universités occidentales, la succession incessante des gros titres condamnant Israël dans les médias du monde entier font maintenant partie d’un train-train habituel auquel participent surtout les jeunes et les fanatiques. La plupart des citoyens y font à peine attention. Ils se préoccupent plutôt de leurs emplois, de leurs prestations sociales, des frais de scolarité de leurs enfants – ou bien de l’ascension et de la disgrâce des stars dont la vie décadente les distrait de leurs propres petites misères ordinaires.

Prenons le fameux magazine National Geographic, qui fait la promotion de la protection de la planète et qui revendique près de huit millions de lecteurs. Par suite d’un abonnement cadeau, je le reçois régulièrement. Parfois je l’ouvre, souvent je ne l’ouvre pas. Tant de belles photos brillantes, si peu de temps. Mais le dernier numéro a attiré tout de suite mon attention, à cause du titre en couverture « L’Exode chrétien de la Terre Sainte ». Par exemple, me suis-je dit, ce magazine ami des animaux a « compris un truc » ! Un espoir s’éveillant en moi, je suis allée lire l’article intitulé « Les fidèles oubliés : les chrétiens arabes ».

Là, il y a quelque chose qui ne va pas. Comment Belt en arrive-t-il à occulter la conquête arabo-musulmane d’un Orient chrétien et juif ? Selon l’éminente spécialiste Bat Ye’or, par exemple (citée par Andrew Bostom dans son excellent ouvrage The Legacy of Jihad),
« Abou Bakr entreprit l’invasion de la Syrie (Syro-Palestine) que Mohammed avait déjà envisagée [...] la région de Gaza tout entière, jusqu’à Césarée, fut mise à sac et dévastée durant la campagne de 634. Quatre mille paysans juifs, chrétiens et samaritains qui tentaient de défendre leurs terres furent massacrés. Les villages du Néguev furent pillés par Amr B. al As […] dans son sermon de Noël de l’an 634, le patriarche de Jérusalem, Sophronius, se plaignit de l’impossibilité de se rendre en pèlerinage à Bethlehem […] Sophronius, dans son sermon du jour de l’Épiphanie de l’an 636, déplora la destruction des églises et des monastères, le pillage des villes, les champs dévastés […] des milliers de gens périrent en 639, victimes de la famine provoquée par ces destructions. Selon le chroniqueur musulman Baladhuri (m. en 892 ap. J-C), 40 000 Juifs vivaient dans la seule ville de Césarée au temps de la conquête arabe, après laquelle toute trace d’eux fut perdue. »

Certes, certains califes se montrèrent parfois cléments envers leurs populations dhimmies ; un gouverneur égyptien accorda l’asile au grand savant et philosophe juif Maïmonide, lequel n’en fuyait pas moins les musulmans d’Espagne. Maïmonide devint son médecin particulier. Le Sultan turc accorda l’asile à Donna Gracia HaNasi, cette femme fabuleusement riche qui fuyait les persécutions perpétrées par les catholiques en Espagne et au Portugal. Mais pour l’essentiel, les Juifs menèrent une existence extrêmement misérable et précaire et ils furent régulièrement assassinés, emprisonnés et rançonnés ou exilés et virent leurs biens confisqués. La plus grande histoire de réfugiés du Proche-Orient, jamais racontée à ce jour, est celle des Juifs des pays arabes fuyant les persécutions dont ils étaient victimes de la part des musulman.
Aujourd’hui même [le 18 mai 2009], M. Naguib Gibraeel, président de l’Union égyptienne de l’Organisation des droits de l’Homme (EUHRO), a écrit à la première dame d’Égypte pour exiger une intervention d’urgence « afin de sauver les chrétiens d’Égypte de l’islamisation forcée ».
Mais continuons. Après avoir reproché aux croisés (!) d’avoir assassiné les Arabes chrétiens par mégarde, Belt poursuit en accusant l’Israël actuel (!) de persécuter les chrétiens. Sans jamais mentionner le fait que les terroristes palestiniens aient pris l’habitude de transformer les églises les plus sacrées en W.-C., d’y entreposer des armes et d’y séquestrer des otages, Belt cite un chrétien arabe de Bethléem attribuant la responsabilité de ses malheurs au « mur géant [israélien] » et à une bureaucratie israélienne lui interdisant de vivre avec sa femme, citoyenne israélienne, à Jérusalem.

Les autorités israéliennes privent-elles d’eau, réellement, un quartier arabe chrétien ? D’après mes sources, il n’existe même pas de quartier arabe chrétien à Jérusalem et l’eau n’y est jamais coupée pour être redirigée vers « les implantations » : qu’est-ce donc que cet appel au meurtre auquel Belt se livre ? Bien sûr, selon l’informateur de Belt, ces barbares d’Israéliens couperaient l’eau exprès le dimanche de Pâques dans un secteur non précisé afin que « Marc » (ce n’est pas son vrai nom, mais l’information qu’il donne n’est pas davantage vraie) ne puisse pas laver sa voiture avant d’emmener sa famille à l’église.

Voici ce que déclare Siriani, (sous la contrainte, pourrais-je ajouter) :
« Nous sommes complètement dépassés et submergés de protestations, déclare-t-il. Les chrétiens occidentaux ont aggravé la situation », affirme-t-il, se faisant l’écho d’un sentiment exprimé par un bon nombre de chrétiens arabes. « C’est à cause de ce que les chrétiens en Occident, menés par les États-Unis, font en Orient », ajoute-t-il, dénonçant les guerres en Irak et en Afghanistan, le soutien américain à Israël et les menaces de « changement de régime » de l’administration Bush. « Pour beaucoup de musulmans, et surtout pour les radicaux, cela ressemble à une répétition des croisades partout, à une guerre contre l’islam menée par la chrétienté. Du fait que nous sommes chrétiens, ils nous voient aussi comme leur ennemi. Nous sommes coupables par association. »
Apparemment, aussi bien Don Belt que Razek Siriani semblent totalement ignorer que dans ces régions, le djihad, le génocide et l’apartheid religieux ont toujours été la spécialité de l’islam et la marque d’un impérialisme musulman caractérisé par l’esclavage, le vol et le pillage.
Belt trouve donc le moyen de condamner les croisés, puis les Israéliens, puis les chrétiens américains qui sont pro-israéliens et qui, de façon bien compréhensible, seraient considérés par les musulmans, gens tout à fait pacifiques et amicaux, comme les nouveaux croisés. Belt va plus loin. Il rend les chrétiens libanais, qui se sont défendus contre les gangsters et terroristes palestiniens, responsables de la recrudescence des attitudes antichrétiennes dans le monde musulman. Il présente les chrétiens libanais comme de dangereux hommes en armes, or on ne voit aucune photo des hommes du Hezbollah et de l’OLP, bien mieux armés encore et ô combien plus dangereux, qui ont terrorisé le Liban et qui l’ont occupé.

Est-ce que ni Belt ni Nadia n’ont jamais entendu parler de la façon dont les pèlerins musulmans piétinent à mort leurs semblables quand ils tournent autour de la Kaaba, à la Mecque ? Pourquoi ce quasi piétinement impliquerait-il un complot chrétien ou israélien ?
Quels sont les seuls à ne pas être « accusés » ni rendus responsables, ou si peu, de la persécution des chrétiens hier et aujourd’hui, une persécution ayant provoqué une diminution considérable du nombre de chrétiens au Moyen-Orient ?

Le magazine National Geographic serait-il passé sous la dépendance juridique ou financière de l’Arabie saoudite ou de l’Iran ? Je me pose cette question parce que, de façon frappante, sa ligne politique en ce qui concerne le Moyen-Orient semble similaire à celle de ces deux régimes.
Alors, vais-je adresser un courrier de protestation à National Geographic ? Non, car CAMERA (Committee for Accuracy in Middle East Reporting in America) s’en charge depuis 1996. Je ne le savais pas, mais ayant lu l’article de Belt, j’ai commencé à rechercher les articles que National Geographic avait déjà publiés sur le Moyen-Orient. J’ai ainsi appris que CAMERA avait analysé les partis-pris de ce magazine et avait déjà demandé à ses responsables de reconnaître que leurs travaux étaient incorrects, faux, très tendancieux et carrément bourrés de mensonges. CAMERA leur a indiqué les articles et les passages en question, et à chaque fois, ils ont maintenu leur version des faits et ont refusé d’y apporter le moindre changement, de se remettre un tant soit peu en question, de s’excuser et d’écrire des articles ne comportant pas un parti-pris anti-israélien flagrant.
Toutefois, j’espère que mes lecteurs, avant de renoncer à leur abonnement, écriront au magazine pour protester contre ces appels au meurtre et contre cet article incroyablement anti-américain, antichrétien et anti-israélien de Belt.
Un courrier peut être envoyé à l’adresse suivante :
Chris Johns, Editor in Chief, National Geographic, 711 5th Ave. New York, NY 10022, États-Unis
ngsforum@ngm.com
Phyllis Chesler est professeur émérite en Psychologie, en Etudes Féminines et en Psychothérapie à la City University of New York, expert près les tribunaux et auteur d'une douzaine d'ouvrages dont le best-seller mondial Les femmes et la folie (Payot, 1975, rééd. 2006) et Le nouvel antisémitisme (Eska, 2005).
Avec l'aimable autorisation de l'auteur
© 2009 - Phyllis Chesler
© 2009 - Marcoroz pour la traduction
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