mardi 2 septembre 2014

Israël, la corde au cou

Par Daniel Greenfield

On est en train de pendre Israël publiquement sur un gibet érigé par l’ONU, avec une corde joyeusement fournie par le monde musulman. Cependant, les bourreaux sont principalement les Occidentaux, qui croient encore que la mort d’une unique victime permettra d’apaiser la foule musulmane lyncheuse qui est sur le pas de leur porte.

Quand vous êtes sur le point d’être pendu, il y a trois choses que vous pouvez faire. Vous pouvez marcher fièrement, déclamer une ou deux paroles glorieuses afin que votre supplice soit inscrit dans la mémoire et dans l’Histoire, puis, vous laisser pendre. Les Juifs ont une longue expérience de ce genre de martyre.

Une autre possibilité est de plaider votre cause d’un bout à l’autre du chemin menant à la potence, affirmer qu’il y a erreur, que votre affaire n’a pas été jugée de façon correcte, supplier qu’on vous écoute et que l’on fasse quelque chose. Cette méthode aussi aboutit à la pendaison. Mais c’est là la pendaison d’un esclave, sans une once de dignité. Un homme qui meurt en suppliant ses assassins, et qui s’en remet à l’honnêteté de menteurs et d’hypocrites – dont les crimes sont tels, que les pires méfaits du condamné sont des vertus en comparaison –, un tel homme n’est qu’un misérable pleutre.

En réalité, quand on vous passe la corde au cou, il n’y a qu’une chose que vous puissiez faire : résister. Le principe du nœud coulant est qu’il vous serre le cou jusqu’à vous priver d’air, ou jusqu’à vous briser la nuque. En résistant au resserrement du nœud, il est possible de survivre. Au contraire, si vous respectez toute la procédure, si vous vous laissez lier les mains dans le dos et passer la corde au cou tout en gardant confiance dans le système, votre mort est inévitable.

Cela fait dix-sept ans qu’Israël marche vers la potence. Ses dirigeants l’y ont conduit à l’aide d’un anneau passé dans le nez, l’anneau des garanties internationales. Son peuple s’y est laissé mener en refusant de voir ce qui l’attendait, alors même qu’on nettoyait la chaussée du sang répandu. Chaque tentative de parvenir à une solution pacifique, chaque concession et chaque marque de bonne volonté ne faisaient que resserrer les liens autour de ses poignets et le nœud autour de son cou.

C’est que chacune des concessions qu’Israël a faites n’a eu pour résultat que de réduire non seulement sa capacité de se défendre, mais même sa capacité de faire des choses aussi élémentaires que construire des logements résidentiels dans la capitale de sa propre nation. Chaque geste qu’a fait Israël, chaque accord qu’il a signé, l’ont enfermé dans une situation toujours plus contraignante, et sans jamais amener la moindre paix. Le seul résultat a toujours été de placer la barre plus haut pour la série de concessions exigées par l’ennemi, par ses auxiliaires et par ses complices, lors de la prochaine phase des négociations.

Ce n’est pas un processus de paix, et ce n’en a jamais été un. C’est un lynchage public. C’est le lynchage d’un pays dont le seul crime réel est d’exister, son existence constituant une offense pour le fanatisme religieux et les préjugés d’un milliard de musulmans qui contrôlent une grande partie des ressources mondiales de pétrole, et dont les adeptes sont prêts à se déchaîner et à tuer dans les rues de pratiquement toutes les grandes villes du monde, à la plus légère offense.

Ce lynchage a commencé par un procès dans lequel l’assassin portait un beau costume tandis que sa victime était au banc des accusés, revêtue d’une combinaison orange [NdT – uniforme des condamnés]. Tous les jours que dura ce procès, l’assassin avait toute latitude de quitter le prétoire et de tuer à nouveau, et chaque soir, quand il y revenait, le juge et les jurés faisaient mine de ne pas voir ses mains sanglantes. Et si la victime osait attirer l’attention sur ces mains couvertes de sang, on la réduisait au silence en affirmant que ces crimes étaient aussi de sa faute. N’avait-elle pas provoqué l’assassin, ne l’avait-elle pas incité à les commettre ?

À présent, le procès se termine. La comédie se dénoue, et l’on voit que tout cela n’avait rien à voir avec la paix. De cela, nous pouvons remercier le Hamas et Obama. Au dernier round, les choses ne sont que trop évidentes. C’est la réparation de cette « erreur » par laquelle la plus ancienne et la plus persécutée des minorités du Moyen-Orient a pu soustraire un court moment son pays à la tyrannie des califes et des sultans, pour que ses membres, persécutés à l’est comme à l’ouest, au sud comme au nord, aient une patrie. Cette erreur.

Cette année même où le régime iranien viole et assassine les contestataires à la suite d’une élection volée ; cette année où la Chine et la Corée du Nord continuent de torturer et d’assassiner les opposants politiques ; cette année où l’Arabie Saoudite et Dubaï continuent à exploiter des esclaves asiatiques, et où Chavez, au Venezuela, continue de supprimer les médias indépendants et de faire incarcérer les opposants ; cette année où la Turquie continue de détenir des milliers de prisonniers politiques kurdes tout en occupant Chypre ; cette année où la Russie continue de démanteler la démocratie et d’assassiner les journalistes ; où le Soudan continue de perpétrer un génocide, et où le reste du monde émet des reproches, mais continue de vaquer à ses affaires habituelles : cette année, c’est Israël qui est le principal coupable, pour des actes aussi lâches que d’avoir peut-être assassiné un chef terroriste du Hamas à Dubaï, ou d’avoir intercepté une flottille qui apportait de l’aide et du renfort au Hamas. Tous les pays, y compris ceux de la liste qui précède, brandissent leurs condamnations et exigent qu’Israël rende des comptes. Des comptes pour quoi ? Pour avoir refusé de se laisser lyncher.

Chaque fois qu’Israël s’efforce d’être arrangeant, il ne fait que se rapprocher du gibet. Il permet que le nœud se resserre autour de son cou. Et chaque fois que cela se produit, il doit lutter plus durement encore pour pouvoir respirer. À la fin, si cela continue, il ne pourra plus respirer du tout. Il ne sera plus qu’une triste silhouette se balançant désespérément sous le vent chaud du désert, tandis que les cris « Itbah al-Yahoud » [NdT – Mort aux Juifs] retentiront parmi les décombres des villes et des jardins de Jérusalem, de Haïfa, de Tel-Aviv et d’Ariel.

Ce n’est pas en étant conciliant face à une foule de lyncheurs qu’Israël pourra survivre, mais seulement en ayant le courage de l’affronter. Quand une communauté internationale, sur l’injonction de la foule musulmane des lyncheurs, dicte les conditions de la survie d’Israël, il faut que celui-ci élargisse le champ en les faisant passer de l’autre côté. S’ils veulent reconnaître ces terroristes, tuons ces terroristes. S’ils veulent briser le blocus de Gaza, reprenons Gaza. S’ils veulent créer de façon unilatérale un État palestinien, annexons ces territoires. La conciliation, c’est le nœud coulant. L’affrontement, c’est la liberté de respirer. Chaque fois qu’Israël bat en retraite, on le condamne pour cela. Quand il progresse, il est aussi condamné, mais il étend sa liberté d’action.

Le monde entier condamnera toujours Israël, quelles que soient ses intentions. Cependant, comme toute forme d’insulte, ces condamnations ne font que prendre de l’ampleur quand Israël se laisse dicter ce qu’il doit faire. Israël est condamné non pas pour ce qu’il fait, mais en raison de la convergence de trois tendances maladives qui sont le fanatisme islamique, la gauche radicale et une attitude de dhimmi à l’échelon international. Un tel mouvement de haine ne peut pas être défait. Il ne peut qu’être ignoré.

Quand vous écoutez les menaces et les quolibets de ceux qui vous haïssent, vous leur permettez d’exercer un pouvoir sur vous. Si vous essayez d’adopter une attitude plus conciliante pour gagner leurs faveurs, cela ne peut qu’accroître leur haine débordante. En effet, ce qu’ils haïssent, ce n’est pas votre attitude, c’est vous. En leur montrant votre faiblesse, vous les invitez à vous attaquer. En donnant à vos ennemis du pouvoir sur vous, vous ne pouvez réussir qu’à les rendre impatients de profiter de votre vulnérabilité. En continuant de la sorte, vous vous condamnez à devenir un esclave ou un cadavre : un esclave s’ils voient une utilité à vous garder vivant, un cadavre dans le cas contraire. Dans un cas comme dans l’autre, vous mettez la tête dans le nœud coulant qu’ils vous ont préparé.

Israël ne peut pas continuer dans cette voie. Aucun pays ne pourrait le faire longtemps. Et cependant, c’est ce qu’il fait. Israël avance vers la potence tout en dénonçant une terrible erreur. Mais il n’y a pas d’erreur. Pas du tout. Les exécuteurs acquiescent aimablement et promettent de vérifier, tout en lui liant les mains dans le dos. C’est une comédie et tout le monde le sait, sauf le plus idiot des lyncheurs et sauf le condamné.

Cependant, comme le condamné qui refuse qu’on lui bande les yeux avant l’exécution, nous continuons de nous entendre dire que nous devons éviter de faire des remous. Allons-y tranquillement. Respirons profondément. Bientôt, tout cela sera fini. Si nous résistons, qu’est-ce que le monde va dire ? Ce qu’il est en train de dire, précisément. Que nous sommes les gêneurs, les trouble-fête à l’origine de tous les problèmes que connaissent les pays du Moyen-Orient, le ver dans la ravissante pomme bien saine des dictatures du monde musulman.

Toutes les menaces qui ont pu voir le jour sont apparues lorsque Israël a fait des concessions, et non lorsqu’il a refusé d’en faire. À chaque fois qu’Israël a choisi la voie de la moralité, ses ennemis lui ont préparé des coups bas. Il est plus que temps de se réveiller et d’en tirer quelques leçons. La corde est tendue, et le pays suffoque. La dernière bouffée d’air, c’était Jérusalem. La prochaine, ce sera la Galilée. Et ensuite ? Combien de bouffées d’air pourrons-nous encore inspirer avant de succomber ?

Avant Oslo, Israël était menacé d’attaques terroristes s’il ne se soumettait pas. Il s’est soumis, et les attaques terroristes ont décuplé. Et s’il n’allait pas plus loin dans les négociations, il était menacé d’isolement au niveau international. Il a négocié et il a cédé, et il ne s’en est pas moins retrouvé isolé. Il a été menacé de boycotts, et il a cédé, et il y a quand même eu des boycotts. Aujourd’hui, la menace porte sur la reconnaissance unilatérale d’un État palestinien. Celle-ci sera suivie d’une solution sous forme d’un État unique, puis d’une intervention de la communauté internationale. La corde, la potence, tout est là. Qui peut encore croire que tout cela sera épargné à Israël s’il accorde à Abbas et à ses petits copains terroristes leur propre État officiel avec Jérusalem pour capitale ?

Jusqu’à présent, aucun compromis n’a été probant, ce qui signifie qu’aucun compromis ne le sera. Un processus dans lequel une des deux parties ne cesse de faire des compromis tandis que l’autre ne cesse de menacer et de prendre, ce n’est pas un processus mais un hold-up. Quand un homme vous menace avec une arme, vous pouvez croire qu’il est possible de le contenter. S’il recommence encore et encore, ce n’est plus une menace mais un processus. Israël est pris dans ce processus, ou plutôt, il en est le jouet. À la fin de ce processus, c’est la mort. Si vous ne portez votre attention que sur l’arme, et pas sur le processus, vous allez continuer de céder, jusqu’à ce que vous ayez cédé votre maison, votre femme et vos enfants, jusqu’à ce que votre vie soit le seul bien qui vous reste. Ensuite, ce seul bien, vous le perdrez aussi. C’est la nature du processus. Pour survivre, il faut voir non pas l’arme seulement, mais le processus dont elle fait partie.

L’expérience de ces derniers mois aurait dû servir enfin de leçon. Le triste constat est que, bien qu’Israël se soit retiré de Gaza, qu’il ait laissé le Hamas en prendre le contrôle et qu’il n’ait rien fait d’autre qu’empêcher le Hamas de disposer d’un libre accès depuis l’extérieur, le monde hurle comme si Israël avait semé la mort d’un bout à l’autre du pays, comme l’ont fait le Soudan, l’Iran et d’autres pays membres, ou anciennement membres de la Commission des droits de l’homme des Nations-unies. Voilà la justice. C’est un lynchage. Et comment réagit Netanyahou ? Comme pratiquement tous les autres dirigeants israéliens avant lui : il cède sur le blocus. Une petite concession pour calmer les lyncheurs. Ça va marcher, n’est-ce pas ? Non ?

Ce n’est plus de négociations qu’il s’agit. Ce n’est pas non plus de discuter sérieusement d’un État. C’est le monde entier qui s’élève comme une seule voix pour défendre les droits d’une organisation génocidaire financée par Mahmoud Ahmadinejad, et dont la charte dit ceci : « L’Heure [de la rédemption] ne viendra pas avant que les musulmans ne combattent les Juifs. Le Juif se cachera derrière les pierres et les arbres, qui diront : Ô Musulman, un Juif se cache derrière moi, viens le tuer. » Les faux-semblants, c’est fini. Ce n’est pas du tout de paix qu’il s’agit, mais de mort. Ce sont des lyncheurs. Certains sont là de leur propre initiative. D’autres pensent qu’ils n’ont pas le choix. Ils croient qu’une seule mise à mort leur vaudra la tolérance du Dar al-Islam.

Voilà à quoi ressemble un nœud coulant. Voilà le gibet. Les mains attachées, Israël perd sa capacité de se défendre. À mesure que le nœud se resserre, Israël meurt. Ce n’est qu’en résistant au nœud qu’il pourra survivre. Ce n’est qu’en luttant pour se délier les mains qu’il pourra résister. Capituler, c’est mourir. Et quand Israël sera mort, ses bourreaux seront les suivants sur la liste. En effet, le lynchage ne fait que commencer. La mort ne fait que stimuler l’appétit des lyncheurs. Le sang n’apaise pas leur fringale, il l’intensifie. Et si on ne les arrête pas, ils répandront le sang partout dans le monde. Mais le nœud serre déjà. Un peu d’air seulement passe encore. Avec cet air, qu’allons-nous faire ? Crier justice, ou lutter de toutes nos forces pour desserrer le nœud ? Pour l’instant, nous avons encore le choix. Quand le nœud aura fait son œuvre, il sera trop tard.

Daniel Greenfield

© 2010 – Sultan Knish (Daniel Greenfield).
© 2010 – Marcoroz pour la traduction.

Texte original : The Noose Around Israel’s Neck, 16 juin 2010. Mis en ligne le 17 juin 2010 par Menahem Macina sur le site http://www.france-israel.org/

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